Ressources marines et commercialisation n°15 - Mars 2006

Numéro 15 (Mars 2006)

Note de l'éditeur

Le présent numéro du bulletin est consacré à la pérennisation de la pêche de poissons de récif vivants dans la région Asie-Pacifique. Certes, c’est là un vaste programme. En fait, les cinq articles qui suivent traitent d’un large éventail de sujets, qui vont des difficultés soulevées par l’application des lois relatives à la pêche destructrice à la survie de différentes espèces de poissons de récif en aquarium.

En s’appuyant sur des statistiques objectives émanant de l’archipel des Calamianes, aux Philippines, Dante Dalabajan nous rappelle que les politiques et les lois les mieux conçues ne servent à rien si l’on ne peut pas les faire respecter. Les habitants des îles Calamianes pratiquent une pêche intense de poissons vivants, destinés à la restauration et à l’aquariophilie, et il existe tout un arsenal de lois nationales et de règlements locaux qui ont pour but d’empêcher l’utilisation de cyanure. Mais Dante Dalabajan constate qu’en pratique, la législation, dans son ensemble, n’est guère dissuasive, et la pêche au cyanure est par conséquent fréquente. Il propose d’apporter un certain nombre de changements au dispositif de lutte contre les infractions, notamment la mobilisation d’associations de citoyens, afin de “ravauder le filet déchiré”.

Depuis cinq ans, Thierry Mulochau et Patrick Durville observent systématiquement les évolutions des poissons de récif dans un aquarium public de La Réunion. Ils ont profité de cette expérience pour mesurer les taux de survie des poissons appartenant à 43 familles et mieux connaître les espèces susceptibles de “se plaire”en aquarium.

Le Conseil de l’aquariophilie marine (MAC) s’emploie depuis plusieurs années à mettre en place un système de certification et d’étiquetage pour le commerce des poissons de récif destinés à l’aquariophilie. Nous en avons parlé à plusieurs reprises dans ce bulletin. Dans une étude menée indépendamment du Conseil, Liliana Alencastro et coll. examinent dans quelle mesure l’éco-étiquetage des poissons d’aquariophilie pourrait intéresser les amateurs, c’est-àdire dans quelle mesure ceux-ci seraient prêts à accepter un prix plus élevé sur les poissons portant ce label. Les résultats font entrevoir les chances qu’aurait un programme de certification tel quecelui du Conseil de bien fonctionner, et donnent une idée de l’ampleur
de la campagne d’information à mener éventuellement auprès des consommateurs pour garantir l’efficacité du système.

Les parties prenantes de la filière des poissons de récif vivants destinés à la restauration ont fait un premier pas en direction d’un programme de certification, avec la publication récente d’une “Norme internationale relative au commerce de poissons de récif vivants destinés à la restauration” (le lecteur trouvera des informations sur l’élaboration de cette norme dans les numéros 11 et 12 du bulletin). Geoffrey Muldoon et Peter Scott se penchent sur la norme et examinent les chances qu’elle a d’être respectée au travers d’un programme de certification ; ils suggèrent par ailleurs un plan de mise en oeuvre d’un programme de ce genre.

Dans le dernier article du présent bulletin Brian Johnston et Being Yeeting évoquent les travaux d’un atelier qui s’est déroulé récemment, dans le cadre d’une étude triennale portant sur les aspects économiques et commerciaux de la filière des poissons de récif vivants destinés à la restauration. Le but de ce projet est d’aider les pays producteurs à tirer des revenus appropriés de cette filière et de faire en sorte que l’offre de poissons capturés dans la nature ou d’élevage soit pérenne.

Tom Graham

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