Stocks de thonidés et autres stocks pélagiques

Mettre au point et appliquer des modèles avancés d’évaluation des stocks afin de pérenniser les populations de poissons

L’océan Pacifique occidental et central abrite la plus grande zone de pêche thonière du monde. Chaque année, plusieurs millions de tonnes de quatre espèces cibles, à savoir la bonite (Katsuwonus pelamis), le thon jaune (Thunnus albacares), le thon obèse (Thunnus obesus) et le germon (Thunnus alalunga), sont capturés dans la région. La plupart de ces prises sont effectuées dans la zone économique exclusive (ZEE) des États et Territoires insulaires océaniens membres de la CPS. En outre, les revenus tirés de la pêche thonière soutiennent l’économie de nombreux petits États insulaires en développement (PEID), et les thonidés représentent une part importante des protéines marines consommées aux échelons régional et mondial, qu’ils soient commercialisés en conserve ou sous la forme de coûteux sashimis. De même, la plupart des thons sont transformés dans les pays océaniens, ce qui constitue une source d’emploi majeure.

Outre les thonidés, d’autres espèces, comme l’espadon, le marlin ou les requins pélagiques, sont capturées en moindre quantité, et constituent soit des prises accessoires soit, parfois, des espèces cibles. Ces espèces doivent également faire l’objet d’évaluations régulières, dans un souci de bonne gestion des effets de la pêche.

Une gestion durable des ressources thonières et des autres ressources halieutiques hauturières dans le Pacifique occidental et central est essentielle pour que cette source de revenu et de nourriture continue d’appuyer le développement et d’assurer la subsistance des Océaniens, et pour pérenniser les stocks. Notre travail d’évaluation des stocks a pour objectif d’étayer les conseils scientifiques visant à orienter la gestion durable de ces ressources naturelles essentielles.

Tuna onboard a tagging vessel in Solomon Islands.

Enjeux

L’évaluation des stocks de thonidés et d’autres espèces océaniques est un travail complexe compte tenu de l’immensité de la zone dans laquelle ils évoluent, qui englobe de nombreuses ZEE, ainsi que du grand nombre de flottilles de pêche de différents pays qui exploitent ces ressources. L’ampleur de la ressource thonière complique la réalisation d’études scientifiques visant à estimer l’état des stocks ; notre travail dans ce domaine dépend donc en majorité des données recueillies par les flottilles de pêche elles-mêmes, et par les observateurs postés à bord des navires et dans les ports. D’autres recherches, comme le marquage ou l’échantillonnage et les analyses biologiques réalisées par la Section suivi et analyse des pêcheries et de l’écosystème de la Division FAME, peuvent fournir des informations importantes l’évaluation des stocks. L’une des premières difficultés consiste à compiler toutes ces informations issues de nombreuses sources différentes ; il s’agit là en grande partie du travail de l’équipe de gestion des données de la Division.

Modélisation

Le travail de l’équipe d’évaluation des stocks consiste donc principalement à appliquer des modèles statistiques afin d’intégrer toutes les données pertinentes et fournir ainsi des estimations des valeurs importantes pour les avis de gestion, comme la taille (ou la biomasse) des stocks et les effets de la pêche sur les stocks (ou mortalité due à la pêche). L’équipe réalise aussi des analyses de l’état projeté des stocks à différents niveaux de prise ou d’effort, appelées « projections des stocks ». Ce travail revêt une importance cruciale pour les évaluations des risques, qui comparent la manière dont les différentes méthodes de gestion contribuent à atteindre les objectifs de durabilité et de développement des ressources halieutiques. Les évaluations des stocks tiennent également compte de nos lacunes en biologie et de l’incertitude des données, en appliquant de nombreux modèles envisageant des scénarios variés mais plausibles, de façon que les avis de gestion portent sur tous les états possibles des stocks plutôt que sur une simple estimation ponctuelle.

Le travail d’évaluation des stocks est extrêmement technique : il met en œuvre des méthodes de modélisation innovantes, qui visent à extraire le plus grand nombre d’informations possible des données disponibles concernant l’état des stocks. Une évaluation des stocks de thonidés demande généralement un travail colossal, qui mobilise plusieurs chercheurs pendant environ huit mois. Les stocks des quatre espèces de thonidés cibles sont évalués tous les trois ans, et ceux des poissons à rostre (espadon et marlin rayé) et des principaux requins pélagiques (requin océanique, peau bleue, requin soyeux et requin mako) tous les quatre à cinq ans. Ces études sont commandées et financées par la Commission des pêches du Pacifique occidental et central (WCPFC). Les résultats sont présentés chaque année au Comité scientifique de la WCPFC afin qu’il les examine et élabore des avis de gestion. En définitive, notre travail d’évaluation des stocks appuie l’élaboration des mesures de gestion et de préservation des stocks de thonidés, de poissons à rostre et de requins pélagiques de la région.

Soutien à l’échelon national

L’évaluation des stocks est un travail complexe. Ainsi, afin d’aider nos membres à mieux comprendre et interpréter les évaluations, et à réaliser leurs propres analyses des ressources halieutiques, nos chercheurs assurent un soutien à l’échelon national dans le domaine des analyses de données halieutiques, et organisent chaque année des ateliers de formation à l’évaluation des stocks.

Pour en savoir plus

Hare S.R., Williams P.G., Castillo Jordan C., Hamer P.A., Hampton W.J., Lehodey, P., Macdonald, J., Scutt Phillips, J., Scott R.D., Senina, I., Pilling G.M. 2022. The western and central Pacific tuna fishery: 2021 overview and status of stocks. Tuna Fisheries Assessment Report no. 22. Noumea, New Caledonia: Pacific Community. 63 https://purl.org/spc/digilib/doc/8izba

Claire Heath, May 2021. How we know how much tuna there is and whether fishing is sustainable. FFA's Tuna Pacific: Fisheries news and views. https://www.tunapacific.org/2021/05/11/how-we-know-how-much-tuna-there-is-and-whether-fishing-is-sustainable/

Pilling G. 2019. Ground-breaking science at the 15th meeting of the WCPFC Scientific Committee. SPC Fisheries Newsletter 159:2–3. https://purl.org/spc/digilib/doc/se489