Contribuer à la gestion des pêches dans les îles du Pacifique au moyen des dernières technologies de la génomique
La génomique en tant que discipline progresse rapidement, en particulier sur des sujets pertinents pour la recherche sur les espèces et les écosystèmes marins. En proposant une approche pertinente pour faire face aux difficultés liées à la durabilité de la pêche, les analyses génomiques apportent un éclairage nouveau dans des domaines comme :
- la délimitation des stocks, au moyen d’ensembles de données très pertinents sur le plan statistique qui nous permettent de tester des types complexes de structure des populations s’avérant réalistes pour les espèces marines ;
- la santé et la taille du stock, grâce à des évaluations comme le marquage-recapture d’individus apparentés ;
- la biodiversité à l’échelle de l’écosystème, par l’application de l’ADN environnemental (ADNe).
En outre, des tests génétiques propres à chaque espèce peuvent être mis sur pied afin de vérifier des éléments comme l’espèce, le sexe, l’origine, voire l’âge d’un individu à partir de quelques millimètres cubes de tissus. Ce type d’échantillonnage discret contourne la nécessité d’employer des méthodes plus invasives, ce qui permet de relâcher le poisson dans l’océan ou d’éviter de faire perdre de la valeur sur le marché à la prise d’un pêcheur.
Tous ces éléments sont utiles pour évaluer les stocks de thons (et pour les gestionnaires d’autres pêcheries), car ils fournissent une validation des paramètres utilisés dans les modèles d’évaluation quelle que soit la pêcherie, par exemple la croissance, la reproductivité et la structure des populations. Ils peuvent également mettre à l’essai la preuve moléculaire concrète de schémas qui ont seulement été jusqu’à ce moment-là indirectement observés. Par exemple, les données de marquage montrent que les thons peuvent individuellement se déplacer sur des milliers de kilomètres, mais elles ne permettent pas de savoir s’ils pondent – pour constituer un stock unique – sur toute cette zone. Les analyses génomiques peuvent directement tester dans quelle mesure différents individus sont apparentés, de même que le taux de métissage entre groupes. La génomique s’applique également au-delà du secteur thonier. Peu d’espèces tropicales importantes pour la pêche font l’objet de recherches aussi approfondies que les thons, mais il est de plus en plus facile de répondre aux questions fondamentales concernant la structure des populations et la biologie des individus à l’aide des outils de la génomique déjà testés sur les thons.
Dans le but de faciliter l’inclusion de ce type d’évaluations dans les sciences halieutiques en Océanie, la Division FAME de la CPS a élargi son laboratoire de Nouméa pour accueillir une section spécialisée dans la génomique de pointe ; elle est la seule à pouvoir séquencer de l’ADN dans le Pacifique Sud. Auparavant, toutes les tâches allant au-delà de l’amplification en chaîne par polymérase (PCR) devaient être externalisées vers des laboratoires commerciaux d’Hawaii, du bassin Pacifique ou plus loin encore. Notre laboratoire mène des études sur l’ensemble des domaines dans lesquels œuvre la Division FAME et propose également ses services de traitement de l’ADN à d’autres groupes de recherche de la région en fonction du volume de chaque projet.
Nos travaux en la matière évolueront au sein du domaine plus large de la génomique. De nouvelles technologies et analyses sont lancées en permanence, souvent dans des directions créatives inattendues. Nous nous engageons à mettre les meilleures et les dernières applications dans le champ de la génomique à la disposition des gestionnaires des pêches des pays membres, de la WCPFC et de la communauté scientifique océanienne au sens large.