Étudier le rôle des monts sous-marins de l’océan Pacifique afin de comprendre leurs implications pour la gestion des pêches
Les monts sous-marins sont jugés importants pour la conservation des écosystèmes marins, car ils abritent généralement une grande diversité d’organismes vivants, en particulier d’organismes benthiques. Toutefois, nous savons peu de choses de leur importance pour des espèces pélagiques comme les thons. Des pêcheurs ont déclaré des captures exceptionnelles à proximité de certains monts sous-marins, mais d’autres ne semblent pas favoriser les captures. Du fait de leur influence potentielle sur l’efficacité des opérations de pêche, de leur sensibilité aux perturbations et de leur potentiel élevé en matière de protection, il est nécessaire de renforcer les connaissances sur les monts sous-marins.
Plus de 4 000 monts sous-marins ont été recensés dans les zones économiques exclusives (ZEE) et dans les eaux internationales du Pacifique occidental et central. Certains se situent à une grande profondeur et très peu ont été étudiés ou même localisés de façon précise.
Pêche à proximité des monts sous-marins
Nous avons réalisé des études, fondées sur des données relatives à la pêche et à l’emplacement de monts sous-marins, pour examiner l’effet des monts sous-marins sur les captures à la palangre dans l’océan Pacifique. Si ces travaux ont montré que les taux de capture de certaines espèces de thons et d’autres espèces pélagiques étaient plus élevés dans les environs de certains sommets sous-marins, les prises étaient nettement inférieures à proximité d’autres monts sous-marins. Les implications sont importantes pour la gestion de la pêche thonière, en particulier pour le thon jaune et le thon obèse. Par exemple, lorsque l’abondance globale des populations de poissons décline, l’activité des bateaux de pêche peut être concentrée dans les zones où les poissons restent présents. Ces zones de concentration de poissons peuvent favoriser ce que les scientifiques halieutiques appellent l’hyperstabilité des taux de capture, qui signifie que les taux de capture restent élevés dans ces zones. S’il s’agit de manière générale d’un point positif pour la viabilité de la filière thon, il ne faut pas que cette hyperstabilité masque de véritables tendances dans les données pouvant indiquer un déclin de l’état et de la viabilité des stocks.
Biodiversité à proximité des monts sous-marins
Le rôle des monts sous-marins dans la concentration d’une vaste biodiversité pélagique a été analysé afin de recenser les espèces pélagiques associées à ces monts. Reposant sur des données d’observation et la localisation des monts sous-marins, ces analyses suggèrent que les monts sous-marins, principalement dans un rayon de 30 à 40 km autour de leur sommet, sont des points chauds de biodiversité pélagique, car ils présentent systématiquement une richesse en espèces plus importante que dans les zones côtières ou océaniques. Selon des observations, un grand nombre d’espèces se concentrent autour des monts sous-marins, tels que le peau bleue, le requin océanique, l’espadon, l’opah et le poisson-lune, mais également l’albatros et des dauphins. Ces résultats suggèrent que les monts sous-marins pourraient être des zones particulièrement intéressantes pour la conservation, étant donné notamment que beaucoup d’entre eux se trouvent à l’intérieur de la ZEE de pays membres de la CPS. La gestion des écosystèmes océaniques est réputée plus facile à l’intérieur des ZEE qu’en haute mer.